POV* – En s’imposant à domicile contre Troyes il y a 8 jours et face à Reims ce week-end, le Montpellier-Hérault a sauvé l’essentiel d’une saison qui aura été tour à tour crispante, décevante, renaissante mais toujours éprouvante… Au cœur de cette lutte pour le maintien, un homme a symbolisé toute l’envie, la hargne, la combativité, mais aussi le talent d’une équipe qui a commencé par la jouer à l’envers avant de redresser la barre in extremis et de consommer 4 entraineurs en une saison… Auteur d’un but somptueux et d’une passe décisive lors du match contre l’ESTAC, Jonas Martin, lui, a été constant dans l’effort depuis la 1ère journée de Ligue 1.
Sonné au départ du championnat, puis révolté, il n’a jamais baissé les bras, remontant inlassablement les ballons et ses partenaires, les encourageant à retourner une situation bien mal engagée… Dans un long entretien qu’il m’avait accordé en octobre il se définissait comme un gagneur acharné, haïssant toute forme de renoncement ou de défaite.
Les supporters de la Mosson reconnaissent volontiers sa combativité et il y a gagné le surnom de Jonas le guerrier !
Peu à peu il est devenu le symbole du club bien qu’étant originaire de l’Est de la France. Quittant Besançon très tôt pour le Languedoc, Jonas est un pur produit de la formation à la montpelliéraine qui a mis du temps à éclore, diamant but patiemment poli et préparé au haut niveau par les éducateurs du MHSC. Il a raté le train du sacre en 2012 et a vu ses illustres collègues devenir champions de France, exilé du côté d’Amiens pour un prêt destiné à l’aguerrir… Son retour a décuplé son envie de réussite et désormais à 26 ans il n’a plus de temps à perdre.
Homme de base du milieu de terrain héraultais la saison passée aux côtés de Morgan Sanson, Bryan Dabo et Anthony Mounier, il a dû composer avec le départ du gaucher en Italie et la grave blessure de la pépite montpelliéraine, se retrouvant par la force des choses un peu seul à la barre.
Rapidement épaulé par le talentueux et fantasque Ryad Boudebouz, Jonas vient d’éclabousser la saison de son talent enfin reconnu au plus haut niveau. Il présente en effet un profil particulièrement atypique et recherché : possédant une grande endurance il est souvent le joueur du MHSC qui court le plus dans un match et récupère le plus de ballons. Mais ce n’est pas un numéro 6 car son bagage technique est très au-dessus de la moyenne, dribbleur efficace et passeur précis Jonas se définit plus comme un numéro 8 aimant jouer avec un véritable milieu défensif derrière lui pour le couvrir.
Si vous ajoutez à cela une qualité de frappe évidente ainsi que sur coups de pieds arrêtés, vous avez le prototype du milieu de terrain moderne, clé de voute à laquelle vient se greffer le reste de l’équipe. Ainsi lors du dernier PSG / MHSC au Parc des Princes, Franck Sauzée aux commentaires a formulé cette appréciation élogieuse : « Jonas Martin est l’un des seuls joueurs de L1 à être capable de casser les lignes, un de nos meilleurs box to box, pouvant jouer long ou court et organiser le jeu ».
Alors Jonas Martin le nouveau « fuoriclasse » du football montpelliérain ?
Oui car son talent est constant et son registre élargi, moins spécialisé par exemple qu’un Rémi Cabella dans le seul secteur offensif ou qu’un Benjamin Stambouli dans le secteur défensif, pour le comparer à d’autres produits du Domaine de Grammont, il est à même d’évoluer dans bon nombre d’équipes en bonifiant rapidement le jeu de celles-ci.
Prenons un avis particulièrement autorisé avec celui de son coéquipier du milieu de terrain et ami, Morgan Sanson :
« Jonas est un excellent joueur, très important pour l’équipe car il pense beaucoup au collectif. C’est le joueur qui a le plus progressé depuis que je suis arrivé au club! Et ce dans tous les domaines… » Puis il rajoute malicieusement : « Sauf le jeu de tête !!! » Joueur protée du milieu de terrain, quel serait le meilleur poste pour lui ? Morgan toujours : « Je l’aime bien en milieu défensif ou relayeur mais il peut jouer partout au milieu ».
Jonas Martin pourrait-il, dès lors, devenir l’Iniesta ou le Xavi du MHSC, rouage infatigable et indispensable, l’homme de la dernière ou avant-dernière passe, le dépositaire du jeu ?
Ecoutons Morgan Sanson l’orfèvre en la matière au Montpellier-Hérault : « Il aime jouer au ballon et faire des passes donc il les rejoint sur ce plan-là, mais il est grand et il a un profil atypique, c’est différent, ce sont des lutins les deux légendes du Barça que tu as citées ! » Et l’homme est aussi apprécié : « C’est quelqu’un de bien avec qui je m’entends à merveille sur et en dehors du terrain, nous sommes souvent ensemble! »
A l’heure où le Montpellier-Hérault doit déjà se tourner vers l’avenir et préparer la saison prochaine, il serait bien avisé de proposer une prolongation de contrat à son emblématique guerrier et d’en faire son capitaine au long cours. Comme lors du tout premier match de la saison où il suppléait Vitorino Hilton, capitaine suspendu, en tenant un discours particulièrement volontaire.
Car, faisant fi de toute médiocrité et détestant le peu d’ambitions dans le jeu, Jonas est un perfectionniste du football qui n’a de cesse d’aller de l’avant et de tirer son équipe et son club vers le haut.
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